Intel officialise ses nouveaux processeurs Ice Lake (10 nm)

Evoqués depuis longtemps, maintes fois repoussés, les processeurs Intel Ice Lake gravés en 10 nm débutent (enfin) leur commercialisation, du moins pour une première salve de 11 références de Core i3, Core i5 et Core i7 mobiles basse consommation. Outre la finesse de gravure qui en soit ne parlera qu’aux « geek » et autres technophiles, cette nouvelle génération de processeurs s’accompagne de quelques nouveautés qui intéresseront davantage le grand public, à l’instar du WiFi 6 ou du Thunderbolt 3.

D’aucuns auraient sans doute aimé un renouvellement total de la gamme mobile mais en ce mois d’août 2019, il faudra se contenter des processeurs les plus économes en énergie, à savoir ceux de la gamme U et Y. Les premiers sont les plus répandus, ils ont notamment vocation à se retrouver dans les futurs Dell XPS 13, Asus ZenBook 13 et 14 pouces ou encore le MacBook Pro 13. Les seconds tiennent davantage du marché de niche étant destinés aux machines les plus fines à l’instar de l’Acer Swift 7 ou du HP Spectre Folio. C’est également le type de processeur présent dans le Macbook Air d’Apple.

Premier constat, la dénomination des différents processeurs ne sera pas la plus simple à retenir même si, nous y reviendrons, une fois la logique intégrée, c’est un peu plus simple.

Sur la gamme U, aucun changement en ce qui concerne le nombre de cœurs / threads ni la taille du cache L3 par rapport aux Whiskey Lake. De même, le TDP restera très certainement dans la majorité des cas à 15W sur les PC portables comme c’est le cas à l’heure actuelle même si quelques exceptions sont toujours possibles, notamment chez Dell sur la gamme XPS ou Latitude. Enfin, le Core i7-1068G7 avec son TDP de 28W semble particulièrement destiné à intégrer la future révision du MacBook Pro 13.

Les nouveautés sont donc à chercher du côté des fréquences. Ces dernières affichent de légères baisses sur la valeur nominale. Par exemple, un Core i7-1065G7 affiche une fréquence de base de 1.3 GHz alors que son prédécesseur, le Core i7-8565U est à 1.7 GHz. Idem pour le mode Turbo (respectivement 3.9 et 4.6 GHz). On pourrait donc craindre une baisse de performances, de nombreux programmes étant encore (très) dépendant de la fréquence processeur.

Toutefois, nouveauté intéressante, les processeurs Ice Lake seront en mesure de maintenir une fréquence Turbo Boost plus élevée lorsque tous les cœurs sont sollicités. Ainsi, toujours en se basant sur nos deux Core i7, le i7-1065G7 est censé se maintenir à 3.5 GHz alors que son prédécesseur, le i7-8565U dans pareil situation tourne autour entre 2.8 GHz et 3.1 GHz en fonction des modèles selon nos tests. La difficulté étant que jusqu’à présent Intel ne communiquait pas de fréquences minimales lorsque tous les cœurs sont sollicités. Enfin, grâce à technologie Dynamic Tuning, Intel promet un mode Turbo plus stable. Bien entendu, cela suppose un système de refroidissement efficace qui ne viendrait donc pas interférer avec bon le fonctionnement théorique du processeur en le bridant pour le préserver d’une température excessive.

A priori, cela laisse donc espérer une hausse de performances malgré ces fréquences nominales en baisse, d’autant que chose inédite depuis plusieurs années, les caches L1 et L2 voient (enfin) leurs tailles augmenter, respectivement de 32 Ko à 48 Ko et de 256 Ko et 512 Ko.

En pratique, Intel reste toutefois assez vague sur les gains et se contente de mettre en avant le fait que la nouvelle architecture Sunny Cove introduite avec les processeurs Ice Lake voit son nombre d’instructions par cycle (IPC) augmenter de 18% par rapport à l’architecture Skylake (introduite en 2015 et toujours la base des processeurs Whiskey Lake actuels).

Il nous tarde donc de tester ces processeurs Ice Lake pour les mettre à l’épreuve sur nos benchs habituels et ainsi avoir un premier aperçu des performances en usage réel.

Du côté des processeurs très basse consommation (la gamme Y), les évolutions sont plus nombreuses. Seuls les Core i3 demeurent des processeurs double coeur, les Core i5 et Core i7 étant désormais des Quad Core (avec 8 threads). La taille du cache L3 est elle aussi en hausse… tout comme le TDP qui passe désormais à 9W contre 7W. La consommation devrait donc être un peu plus élevée. Le prix à payer pour profiter de processeurs Quad Core mais les deux coeurs supplémentaires laissent présager des performances en hausse, ce qui pourrait raviver l’intérêt de ces processeurs jusqu’à présent délaissés.

A noter qu’il sera désormais plus difficile de repérer ces processeurs très basse consommation, les Ice Lake ne faisant plus mention de la gamme Y dans leurs références… L’astuce consiste donc cette fois à regarder la fin de la référence juste avant celle de la puce graphique, les Ice Lake Y se terminant tous par 0 (Core ix-10x0Gx).

Enfin, la gamme Y sera associée à de la mémoire vive LPDDR4-3733 MHz et les modèles de la gamme U à de la DDR4-3200 MHz. De quoi espérer, là encore de petits gains de performances.

Du côté de la puce graphique intégrée au processeur cette 11e génération semble apporter des évolutions plus intéressantes avec le retour des puces Iris Graphics, plus vues depuis la génération Kaby Lake.

Ainsi, la plus puissante des puces Iris, reconnaissable grâce à la mention G7 (présente en fin de la dénomination du processeur) embarque 64 unités d’exécution (UE) pour une puissance de calcul de 1 TeraFLOP. En pratique, selon Intel, cette puce Iris G7 serait plus performante qu’une Vega 10 et en mesure de titiller une Geforce GTX 1050. De quoi jouer en Full HD (à Fornite par exemple) tout en conservant un niveau de détails Médium avec de nombreux titres. Oubliez toutefois les derniers AAA en 1080p.

Une autre puce graphique Iris Gen11 sera également proposée sur les processeurs Ice Lake de milieu de gamme, la Iris G4 dotée pour sa part de 48 unités d’exécution.

Enfin, la G1, la moins véloce permet son appellation Iris Graphics pour retrouver l’Intel UHD que l’on connait actuellement.

Pour le moment, impossible de savoir à quelles performances s’attendre en pratique en dehors des quelques brides lâchées par Intel. D’autant que si beaucoup d’utilisateurs pensent jeux lorsque l’on évoque une carte/puce graphique, le GPU occupe une place de plus en plus importante au sein de nombreux logiciels qui s’appuient sur le GPU pour déporter et accélérer certains traitements et calculs. Un domaine où les puces AMD et les cartes graphiques Nvidia pourraient conserver l’avantage. Malgré nos demandes, Intel n’a pas été en mesure de nous communiquer le niveau de performances en OpenCL de ses nouvelles puces…

Au-delà d’éventuels gains de performances, l’une des nouveautés les plus intéressantes est sans nul doute la prise en charge native du WiFi 802.11ax, aussi connu sous le nom de WiFi 6. Derrière cette nouvelle norme, la promesse de débits nettement supérieurs (environ 1 Gbits/s) avec du matériel compatible. Il sera donc nécessaire de renouveler sa box ou son routeur pour en profiter. En attendant, les utilisateurs pourront dores et déjà bénéficier d’une sensibilité accrue et donc d’une meilleure portée.

Autre nouveauté marquante, les processeurs Ice Lake marque enfin la prise en charge native du Thunderbolt 3 ! Plus besoin de puce supplémentaire ni de droit de licence à s’acquitter pour pouvoir l’intégrer. Par conséquent, tous les ordinateurs portables équipés de cette dixième génération de processeurs devraient donc proposer au moins un port Thunderbolt 3 (et au maximum 4 ports). Du moins à terme car dans un premier temps, rien ne garantit que certains modèles ne « recyclent » pas de vieux châssis et soient donc dépourvus de port TB3. Il conviendra donc d’être attentif.

En pratique, un port Thunderbolt ouvre la voie à la prise en charge d’écrans 5K (@60Hz) voire 8K via un seul câble avec en outre le support natif des normes DisplayPort 1.4, HDMI 2.0b et HDCP 2.2. C’est aussi la possibilité de profiter de carte graphique externe (eGPU). Une technologie encore balbutiante mais qui devrait connaitre un second souffle en 2020.

Outre les nouveautés déjà évoquées, les processeurs Ice Lake s’accompagnent d’autres « petits plus » technologiques. Parmi eux, Adaptive Sync qui reprend le principe des Nvidia G-Sync et AMD FreeSync, à savoir, améliorer la fluidité des transitions rapides dans les jeux en supprimant les saccades et autres artefacts parfois visibles à l’écran.
A noter que l’Adaptive Sync sera pour le moment réservé aux PC portables dont la taille est comprise entre 14 et 17 pouces.

Ice Lake marque également les débuts de Spotlight, une IA (intelligence artificielle) dont le but est de réduire du bruit de fond lors d’une visioconférence ou lors de la diffusion d’une partie en streaming. Point fort de cette IA, sa très faible consommation (moins de 1w selon Intel).

Enfin, cette nouvelle plateforme Sunny Cove n’est pas concernée par les failles Spectre et Meltdown.

Les premières annonces auront lieu dans les prochaines heures mais la période estivale n’est pas la plus propice. La plupart des marques devraient attendre l’IFA début septembre pour lever le voile sur leurs nouveaux PC portables équipés de processeurs Ice Lake basse consommation avec en ligne de mire, une disponibilité pour les fêtes de fin d’année. L’IFA devrait également être l’occasion de remettre sur le devant de la scène le projet Athena. Dernière ce nom de code, un cahier des charges visant à mettre en place un « label » pour des ultrabooks légers, performants et dotés d’une très bonne autonomie (minimum 9h en usage réel avec en prime une charge rapide).

Les processeurs plus performants Ice Lake, successeurs des actuels Core i7-8750H / Core i7-9750H et Core i9-9880H / Core i9-9980HK basé sur l’architecture Sunny Cove (10 nm) ne sont eux pas attendus avant plusieurs mois.

Une stratégie en plusieurs actes se profile donc. Sans doute d’une part pour se laisser le temps de mettre en place la bascule vers la production de masse de processeurs gravés en 10 nm mais aussi apporter une réponse rapide à AMD et ses processeurs Ryzen 5 et Ryzen 7 qui commencent doucement à prendre des parts de marché, même si sur les PC portables, le phénomène reste encore marginal comparé aux desktop.

En attendant, vous pouvez retrouver tous les articles consacrés à Ice Lake sur cette page.