Test Asus ZenBook Pro Duo UX581 – Deux écrans valent mieux qu’un ?

Avec ses nouveaux ZenBook Pro Duo UX581 et UX481, équipés du ScreenPad Plus, Asus innove une nouvelle fois en faisant du rêve de certains d’avoir un double écran sur un PC portable, une réalité. Un concept séduisant, précurseur d’une rupture ergonomique pour les utilisateurs nomades à la recherche d’une station de montage mobile ou simple coup de com ? C’est ce que nous allons voir après plus d’un mois en compagnie du ZenBook Pro Duo.

Clavier rétro éclairéoui

Le ZenBook Pro Duo se dote d’un nouveau coloris dénommé « bleu céleste ». En extérieur ou par temps ensoleillé, l’Asus UX581 arbore effectivement une teinte bleutée. Dans les environnements plus sombres et sous lumière artificielle, la perception du coloris tend davantage vers le gris foncé voire le vert (surtout au niveau du clavier). Quoiqu’il en soit, l’ensemble est fidèle à la gamme ZenBook, sobre et élégant. A ce sujet, les plus observateurs auront remarqué que le logo Asus et ses cercles concentriques sont désormais déportés et non plus au centre du châssis.

Asus ne manque pas de superlatifs pour décrire le design de ses nouveaux ZenBook Pro Duo, allant jusqu’à indiquer que les bords du châssis sont « découpés au diamant afin de produire un effet miroir ». Un détail qui ne saute pas aux yeux au premier coup d’oeil mais en regardant avec attention, la finition est effectivement flatteuse. Au global, aucun reproche à émettre à ce sujet mais on n’en attendait pas moins d’un ordinateur portable dont les tarifs oscillent entre 2000 et 3000 euros ! Le dessous du châssis est lui aussi bien travaillé avec des tampons destinés à limiter la glisse sur les surfaces planes mais aussi favoriser le flux d’air lorsque l’ordinateur est utilisé fermé avec un écran externe.

L’accès aux composants ne pose guère de difficulté. Il suffit d’ôter une dizaine de vis (Torx T5) puis le capot inférieur se libère d’une simple pression. A l’intérieur, seul le SSD est accessible. Le système de refroidissement, avec deux ventilateurs séparés et plusieurs caloducs semble bien conçu de prime abord mais nous y reviendrons un peu plus tard.

L’épaisseur du châssis (26 mm) pourrait présager d’une connectique plus fournie. Asus a toutefois préféré intégrer deux extractions d’air sur les flancs.

Le ZenBook Pro Duo UX581 offre donc sur la gauche une sortie HDMI 2.0 et un port USB-A 3.1 gen2 (10 Gbits/s). A droite, un port USB-A supplémentaire, une prise casque / micro et enfin un port USB-C compatible Thunderbolt 3. Pratique pour y connecter un SSD externe, un écran UHD voire pourquoi pas un dock ou un eGPU.

Sur le ZenBook UX581, les hauts parleurs sont situés sur les flancs du châssis, au niveau du bas du clavier. L’utilisateur profite ainsi d’une bonne spatialisation. Le volume sonore ne manque pas de puissance, sans pour autant saturer même en poussant le curseur. In fine, en dehors d’un léger manque de rondeur, le système audio de cet UX581 s’en sort bien pour un ordinateur portable.

Si les dimensions des touches sont pour le moins standards (15,7 x 14,8 mm), tout comme l’espacement (3,6 mm), la présence du ScreenPad Plus a contraint Asus à coller le clavier en bordure de châssis. Un repose poignet est bien fourni mais ce dernier n’est utile que sur un bureau. Et encore, car même dans cette situation idéale, n’étant pas solidaire de l’ordinateur, la stabilité n’est pas parfaite et il a un peu trop tendance à bouger à notre goût. Et c’est d’autant plus regrettable qu’en dehors de cette contrainte ergonomique, la frappe est agréable, douce et discrète avec une course appréciable (1,3 mm).

A l’instar d’autres modèles de la gamme Asus, le ZenBook Pro Duo bénéficie d’une charnière Ergolift qui surélève l’arrière du PC (sur 2 cm environ) pour optimiser la circulation d’air et offrir une position de frappe plus confortable même si sur ce point, ici, le gain est négligeable.

Tout comme le clavier, le touchpad a lui aussi dû être repensé. Il vient donc se positionner sur la droite du clavier et adopte un format vertical. En pratique, et malgré une surface réduite (62 x 86 mm), l’utilisation n’est pas si désagréable. Bien sûr, il est compliqué d’exécuter des gestes multitouch mais pour déplacer le curseur, il fait le job. Le plus dérangeant étant donc une nouvelle fois, de ne pas pouvoir poser sa paume sur un repose poignet, surtout lorsque l’ordinateur est utilisé sur les genoux. A noter qu’il est également possible d’activer le numpad (c’est à dire un pavé numérique virtuel).

Comme son nom le sous-entend, le ZenBook Pro Duo est doté de deux écrans. Un premier est conventionnel de 15,6 pouces basé sur une dalle OLED SAMSUNG (SDCA029) de définition UHD 3840 x 2160 pixels, soit avec la mise à l’échelle, une surface utile équivalente à un écran Full HD. L’apport le plus visible de ce type d’écran Haute Définition (Retina) est une sensation de netteté accrue des textes et autres éléments d’interfaces. Un meilleur confort de lecture donc, mais qui n’est pas sans impact sur l’autonomie voire dans certains cas, qui se ressent sur la fluidité des interfaces. C’est par exemple le cas des logiciels qui demandent un rafraichissement rapide de l’affichage (le module développement de Lightroom par exemple même si ici la configuration musclée permet de contenir l’impact de ce surplus de pixels).

Qui dit écran OLED, dit contraste infini et excellente colorimétrie avec ici la totalité des espaces sRGB, RGB et DCI-P3 couverts pour un DeltaE moyen après caractérisation de 0,32 (et un maximum de 1,38). La luminosité maximale frôle quant à elle les 400 cd/m².

L’écran est par ailleurs tactile, et compatible avec le stylet (fourni). Toutefois, l’intérêt est ici limité étant donné que l’écran ne peut se mettre à plat. Ce qui nous amère au second écran, le ScreenPad Plus, lui aussi tactile, et plus adapté à une utilisation au stylet de par sa position horizontale.

Exit l’OLED, place à une dalle IPS plus traditionnelle (sans doute pour une raison de coût) pour ce second écran 14 pouces (10 x 34 cm) doté d’une définition native de 3840 x 1100 pixels et qui n’est cette fois pas compatible avec une mise à l’échelle de 200%. L’utilisateur ne pourra donc que l’afficher en natif, ou choisir entre un zoom à 125, 150 et 175%. Les deux derniers réglages étant les seuls réellement utilisables selon nous.

La cohabitation de deux technologies différentes n’est pas problématique. Les utilisateurs de double écran savent qu’il est difficile d’avoir une correspondance visuelle parfaite. Ici, les différences sont minimes en termes de colorimétrie / point blanc. Le ScreenPad est certes un peu moins contrasté (885:1), moins lumineux (290 cd/m²) et n’est en mesure de couvrir que l’espace sRGB mais ce n’est pas dérangeant en pratique. Pour nous, la principale différence vient de la surface brillante de l’écran OLED alors que le ScreenPad dispose quant à lui d’une surface mate satinée. Certes, cela limite les reflets mais cet aspect granuleux contraste avec le côté lisse et brillant de l’écran principal.

Terminons par un mot sur la webcam. Si des capteurs infra-rouge permettent de profiter de Windows Hello via identification faciale, la qualité reste (très) moyenne. Les images manquent de détails et présentent un bruit marqué.

Après avoir évoqué les caractéristiques du ScreenPad Plus, il est temps de se pencher sur son fonctionnement et les nouveaux usages qu’il introduit. Pour faire simple, le ScreenPad plus reprend le concept du ScreenPad seconde génération proposé sur certains VivoBook et ZenBook mais dans un format XXL puisqu’il occupe désormais la moitié du châssis à la place habituellement dévolue au clavier. On retrouve donc l’interface du ScreenPad 2, avec ses diverses fonctionnalités et raccourcis. Pour plus de détails, nous vous invitons à consulter notre test du ZenBook UX434 où une partie lui est consacrée.

Alors quelle utilité trouver à ce ScreenPad Plus qui fait office de second écran ?

La première possibilité est de l’utiliser pour étendre l’affichage lorsque l’on surfe sur Internet par exemple. Bon, passé l’effet « whaou » du début, cela n’apporte pas grand chose.

Vient ensuite naturellement l’idée de l’utiliser comme un « vrai double écran » pour afficher une autre fenêtre. On peut ainsi accéder rapidement à un document technique sans avoir à jongler entre les fenêtres / onglets, garder un oeil sur un monitoring ou plus simplement lancer (discrètement) une vidéo Youtube. Ce type d’utilisation est déjà plus convaincant mais le fait d’avoir un second écran à plat n’est pas très agréable en termes de confort visuel (sans parler des cervicales davantage sollicitées). Disons pour résumer que ça dépanne mais que si ce type d’usage est pour vous régulier, un moniteur externe, même portable, une tablette (voire même un smartphone) sera tout aussi efficace et sans doute plus confortable en termes de visualisation. Certes, ces solutions sont moins pratiques puisqu’elles requièrent davantage de manipulations mais nous semblent tout de même à privilégier.

Reste le dernier type d’usage, celui mis en avant par Asus dans ses diverses communications et qui ferait du ZenBook Pro Duo le compagnon parfait des créatifs, photographes et youtubers en tête. Alors oui, le ScreenPad Plus permet effectivement d’utiliser le second écran pour déporter sa timeline sous Davinci Resolve ou de l’utiliser comme navigateur de photos sous Capture One Pro par exemple. Mais même après plusieurs jours d’utilisation à tenter de faire table rase de nos habitudes, difficile d’être conquis. Certes, l’écran tactile du ScreenPad a un côté « sympa » indéniable mais sa position implique notamment de désactiver le clavier pour y reposer ses paumes et ainsi profiter d’une position plus ergonomique. Inconvénient, il est alors impossible d’utiliser des raccourcis claviers. Or, les utilisateurs réguliers de ce type de logiciels photos / vidéos ont souvent appris avec le temps à jongler entre les différents raccourcis pour gagner en productivité. Et sur ce point, même après plusieurs jours, impossible (pour moi) d’être aussi efficace qu’avec un clavier (externe) et une souris. Le ScreenPad Plus se retrouve alors relégué au rôle de second d’écran passif. Et, on regrette alors, comme évoqué précédemment, sa position horizontale.

In fine, sans être qualifié pour autant de gadget, le second du ZenBook Pro Duo, à l’instar de la TouchBar des Macbook Pro d’Apple, ne constitue pas une nouveauté qui s’impose d’elle même au point de devenir indispensable selon nous. Mais ce n’est pas pour autant que certains utilisateurs n’y trouveront pas un intérêt dans leur quotidien. Avant l’achat, il nous semble toutefois important de vous demander si vous êtes prêt(e) à passer un peu de temps à repenser vos habitudes et surtout, dans quelle mesure le gain supposé du second écran justifie-t-il de sacrifier le confort et l’efficacité de la frappe au clavier ?

Pour séduire les créatifs, Asus a doté ses ZenBook Pro Duo 15 pouces de configurations capables de constituer des workstations mobiles. En fonction des modèles, on retrouve donc un processeur Intel Core i7-9750H (hexacore) ou un Core i9-9880HK (octocore). La partie graphique est quant à elle confiée à une RTX 2060. Le tout épaulé par 16 ou 32 Go de mémoire vive et un SSD de 500 Go ou 1 To sur les déclinaisons les plus haut de gamme.

Nous avons testé une configuration « entrée de gamme » à base de Core i7, 16 Go de RAM et SSD de 500 Go. En pratique, les résultats sont sensiblement en deçà face à des concurrents équipés d’une configuration équivalente.

En jeu, désavantagé par sa dalle UHD, il est en retrait comparé à ses concurrents mais permet néanmoins de faire tourner les jeux du moment, y compris les Triple A, à la condition de jouer en Full HD.

Attention, les barrettes de mémoire vive n’étant pas accessibles, ne ne pouvons que vous conseiller d’opter pour une version du UX581 dotée de 32 Go de RAM si vous utilisez de façon intensive Première Pro, After Effects ou équivalent.

Lorsque l’on teste un PC portable équipé d’un gros processeur et d’une NVIDIA RTX, le moment où l’ordinateur sera sollicité durant plusieurs heures est toujours redouté. Eh bien bonne surprise avec le ZenBook UX581, le système de ventilation se montre plutôt discret. De plus, sa fréquence basse le rend assez supportable, même dans un environnement calme. Alors certes, à plein régime, avec 44 dBA voire 47 dBA lorsque la carte graphique est sollicitée en jeux, il sera vite utile de mettre un fond sonore pour moins subir le bruit des ventilateurs. Mais le plus souvent, les ventilateurs tournent à vitesse modérée et oscillent entre 37 et 41 dBA. Audible donc mais pas insupportable pour autant.

Revers de la médaille, du côté des températures, le constat est moins réjouissant. Avec une sollicitation prolongée, le processeur frôle les 90°C en moyenne (avec des pointes à 99°C !), contre 75°C pour la carte graphique, et ce alors même que la température ambiante n’est que de 23°C.

Avec son poids de plus de 2,5 Kg, le ZenBook UX581 se veut davantage sédentaire. Si toutefois vous comptez l’éloigner d’une prise de courant, tablez sur une autonomie moyenne de 4h15 (luminosité à 140 cd/m², WiFi actif). En activant l’écran du ScreenPad Plus, et avec une luminosité également à 140 cd/m² pour ce dernier, vous perdez environ une heure d’autonomie. Soit une moyenne autour de 3h.

En activant le mode avion, l’autonomie frôle les 8h.

Le bloc d’alimentation est imposant (170x75x32 mm pour un poids de 760g). Le câble dispose d’une longueur de 3m.

Ces derniers années, d’aucuns ont parfois reproché aux constructeurs un manque d’innovation sur les ordinateurs portables. Sur ce point, il faut saluer les efforts d’Asus sur sa gamme ZenBook au cours des derniers mois. Le ScreenPad Plus se veut aujourd’hui la quintessence de ces recherches autour du touchpad et de son interaction avec l’utilisateur. Et après avoir l’avoir utilisé pendant plusieurs semaines, il faut reconnaitre que les ingénieurs Asus ont très bien travaillé l’intégration et l’ergonomie du ScreenPad Plus. Le tactile est le moyen d’interaction le plus intuitif qui soit, les raccourcis pour déplacer un programme d’un écran à un autre bien pensés, tout comme la possibilité de diviser le ScreenPad.

Pourtant, notre constat est plus mitigé. Non pas que le ScreenPad Plus puisse être considéré comme un « gadget » puisque chaque utilisateur pourra sans doute lui trouver une utilité. Mais paradoxalement, ces nouveaux usages vont souvent mal s’accommoder du clavier dont l’utilisation se retrouve plus compliquée, moins « naturelle » du fait de l’absence de repose poignet. Il est certes possible de le désactiver pour laisser ses paumes reposer dessus et n’utiliser que les écrans tactiles. Mais dans ce cas, n’aurait-il pas fallu aller encore plus loin et tout bonnement supprimer le clavier pour ne conserver qu’un solution tactile comme le Yoga Book en son temps ? Est-ce la prochaine étape ?

A contrario, on peut aussi se poser la question si disposer d’un second écran de visualisation ou de raccourcis justifie-t-il de sacrifier les fondamentaux d’un ordinateur portable, à savoir l’ergonomie clavier, l’encombrement ou encore l’autonomie ?

Pour nous, à l’heure actuelle, et aussi réussi que puisse être le ScreenPad Plus, la réponse est non. Maintenant, à vous de voir…